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Chronique de "L'enfant" dans Plumes Genevoises

La chronique d’Isabella Coda-Bompiani  

Ce n’est pas un roman, c’est un long métrage, c’est une évidence, les images défilent au gré de la lecture, nous sommes happés par l’indicible et surtout par la fécondité de la romancière qui nous conte l’histoire poignante d’une famille qui parle d’amour et participe au merveilleux et peut-être du bonheur,. Discourir de la guerre c’est aussi décrire la manière dont ils vivent, sous les bombes qui éclaboussent le gris du ciel et le bleu de la mer.

Nous sommes à Mers El Kébir entre 1939 et 1945. Les habitants sont des pêcheurs et une famille particulière dont chacun se meut à sa manière et codifie les diverses branches du savoir humain, se dessine dans une superbe fresque colorée.

Quel que soit les dangers, la vie continue, et l’amour aussi, il y a Moman qui trime, Joseph le père qui arme les filets dans la mer, l’aîné Joanno qui revient après 6 ans d’absence de la guerre, la petite sœur Tessa qui prolonge le retour aux sources et le tout dernier Michel qui dessine ce qu’il voit au gré de ses envies.

Les autres personnages arrivent dans un plan carré pour la forme.

On se sert ici d’un arsenal de symptômes pour établir un diagnostic. En parcourant les yeux dans les yeux leur conscience.

Avec les traditions solidement ancrée, jalousement gardées, ils parachèvent l’inexorable beauté de leur patrimoine culturel. On découvre le passé des ancêtres espagnols qui ont foulé le sol de l’Algérie comme une terre promise.

Nous sommes dans les entrailles de la vérité, la guerre a eu lieu, les américains ont posé leurs besaces et leurs fusils, l’endroit était stratégique, voulu. On rappelle la colonisation des français en Algérie comme un souvenir douloureux et qui le sera à jamais. Une bataille navale sanglante sous les yeux de l’innocence.

De la destruction renaît la vie, pour les siècles qui ont survécus aux drames, pour ceux qui ont lutté, les témoins de l’histoire. Et la survie aussi.

La romancière a voulu nous le décrire en reposant les mots avec respect et nous révéler ce que peu savent.

Le monde des pêcheurs qui leur est propre, le soleil, la Méditerranée, les insouciances de l’enfance, les cerfs-volants sillonnant les nuages, les jeux et le dessin qui parachève le passé.

C’est la réalité de la grande Histoire.

On s’incline.

Isabella Coda-Bompiani


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